Aujourd'hui, direction le soleil et ma dernière trouvaille pour oublier la fuite de douche et le plafond gorgé d'eau de la voisine... J'éprouve depuis
quelque années une fascination pour les villes fantômes. Bien
pratique quand on cherche un partenaire de vadrouille... "Mais y a
quoi là-bas ?" "Plein d'espace, pas mal de vide et de jolis immeubles
inhabités, à ta place j'hésiterais pas." Bien heureusement, rien n'est plus communicatif que l'enthousiasme d'une esseulée.
L'ami drogué convaincu, nous voilà fraîchement débarqués en plein coeur de la Nueva Ciudade de Kilamba, située à une trentaine de kilomètres de Luanda, la capitale
surpeuplée de l'Angola. Passons sur l'aspect extrêmement mortel du lieu
pour nous attacher au charme tout post-apocalyptique de ces grandes rues
vides où le moindre son se répercute sur les murs pour former de jolis échos.
Un projet ambitieux...
Conçue pour loger jusqu'à un demi-million d'habitants, Kilamba a été bâtie par une compagnie d'État chinoise, China International Trust Investment Corporation (Citic). En contrepartie des 3,5 milliards d'euros investis par la Chine dans ce projet immobilier colossal, l'Angola s'est engagée à offrir au pays un accès prioritaire aux ressources naturelles de son pays : le pétrole.
Un projet ambitieux...
Conçue pour loger jusqu'à un demi-million d'habitants, Kilamba a été bâtie par une compagnie d'État chinoise, China International Trust Investment Corporation (Citic). En contrepartie des 3,5 milliards d'euros investis par la Chine dans ce projet immobilier colossal, l'Angola s'est engagée à offrir au pays un accès prioritaire aux ressources naturelles de son pays : le pétrole.
... qui tourne au flop immobilier
Une opportunité à saisir... Le premier lot mis en vente comprenait 2 800 appartements dans des immeubles derniers cris. Le tout "loin de la poussière des bidonvilles et de la capitale". L'offre est alléchante et aurait été intéressante si seulement les angolais avaient daigné se porter acquéreur d'un de ces logements. Mais impossible de mettre la main sur les 500 000 personnes que pourrait à terme accueillir le complexe. Un an après leur mise en vente, seuls 220 appartements avaient été vendus.
Leçons d'arithmétiques
Pourquoi les angolais se montrent-ils si réticents ? Sûrement à cause du prix des appartements qui oscille entre 120 000 et 200 000 dollars. Ces lieux d'habitation tout confort intéressent certes beaucoup les angolais mais ils sont destinés à la classe moyenne du pays. Or celle-ci... n'existe pas. En effet, les deux tiers de la population angolaise vivent avec moins de 2 dollars par jour ! Le tiers restant étant, à l'inverse, bien trop fortuné pour envisager un tel type de logement. Saluons donc la belle étude de marché chinoise et le bon sens du gouvernement angolais...
Mais comment en vient-on à mettre en place un tel chantier sans s'assurer de la pertinence de son projet ? Tout simplement en cherchant à répondre en urgence à une promesse électorale ... José Eduardo dos Santos, alors candidat à la présidentielle, s'était engagé à construire un million de logements en quatre ans. Lourde promesse, presque tenue. Loin de moi l'idée de lui jeter la pierre pour quelques approximations.
Si certains d'entre vous souhaitent découvrir la toute première ville fantôme du continent africain, sachez qu'à défaut d'y trouver un mall de huit étages, il est possible d'y dénicher une petite supérette pour se sustenter ! Pour le reste, vous pourrez silloner des rues désertes en espérant croiser un des rares "habitants" de la ville - traduction - un des ouvriers chinois logés dans des préfabriqués pour la durée des travaux...
Sur ce, bonnes vacances et bons baisers de Kilamba !
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